De manière générale, on oppose souvent la pédagogie à l’andragogie.
Voici quelques phrases qui reviennent de mes clients :
« Ah mais Marine, tu nous as pris pour des enfants ? »
« Ça je me vois bien l’animer avec des enfants ; pas avec des adultes »
Selon la grande rousse (#LeLarousse) :
La pédagogie se définit comme l’ « ensemble des méthodes utilisées pour éduquer les enfants et les adolescents. »
L’andragogie se définit comme la « science et pratique de l'éducation des adultes. »
Sur LinkedIn, ce qui revient souvent c’est le fait : « qu’on n’enseigne pas aux adultes comme on enseigne aux enfants ».
Des collègues, qui savent que j’ai été directrice de colos, me demandent parfois mon avis sur cette opposition pour avoir côtoyer les deux publics. Ma réponse est toujours la même : je vois beaucoup de stratégies identiques à employer dans ces deux univers.
Dans cette newsletter, j’ai décidé de creuser un peu plus le sujet en me basant sur mes dernières expériences avec mes neveux qui datent des vacances de décembre (et qui font écho à mes 12 ans d’animation auprès de mineurs) et mon travail au quotidien de formatrice.

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📙 Au programme :
1 - Pédagogie VS andragogie… Vraiment ?
2 - Tableau récapitulatif
🧐 1 - Pédagogie VS andragogie… Vraiment ?
Voici 13 stratégies applicables facilement aux deux univers
1 – Les règles de vie
Définir des règles de vie le premier jour en centre de loisirs est indispensable. Cela pose les règles de la vie en communauté nécessaires pour vivre de façon harmonieuse et savoir ce qui est accepté, toléré ou non. Avoir réalisé cette action permet à l’animateur d’être légitime quand il vient « recadrer » et réguler les actions du groupe ou d’une personne. Comme les règles sont connues de tous, personne n’est surpris quand on vient les repartager à nouveau. De plus, le fait de les co-construire avec le groupe implique chacun et tend à ce que les règles soient mieux respectées (car acceptées).
En formation, on fait la même chose. Le formateur pose le cadre et/ou le co-construit avec le groupe dès le début de la formation.

2 – Le planning des activités / de la formation
Dans l’animation on commence à construire le planning avant notre rencontre avec les enfants. On se base sur les besoins et les caractéristiques de la tranche d’âge, les objectifs du projet pédagogique ainsi que ce qu’on connaît d’eux (envie, personnalités…). On laisse également des espaces vides pour permettre aux enfants de proposer des activités qui leur plaisent. Choisir avec les enfants permet qu’ils soient concernés donc impliqués dans les activités. Cela favorise leur adhésion.
Animer des activités basées sur les besoins tout en laissant de la liberté pour les propositions des enfants est l’assurance que les enfants passent des très bons moments !
En formation, on fait la même chose. Le formateur propose une réunion de cadrage avec le client pour récolter les besoins en formation. Si besoin, il peut aller investiguer sur le terrain et aller discuter avec les futurs apprenants. Il traduit les besoins déclarés et constatés en différents objectifs et en séquences de formation. Au début et/ou en amont de la formation, il implique les apprenants en leur demandant leurs attentes / leurs objectifs. Il voit comment y répondre et explique s’il ne peut pas le cas échéant.

3 – L’alternance des activités
Les animateurs alternent les activités tout au long de la journée en veillant à ce qu’elles soient en lien avec les objectifs du projet pédagogique.
Exemple : Activité cuisine, activités culturelles, activités physiques, activités scientifiques, jeux de société, petits jeux, sorties, chants
Plus on alterne le type d’activité et les tailles de groupe :
- Plus cela met du rythme et personne ne s’ennuie
- Plus les journées passent vite
- Plus on a de chance de répondre aux différents besoins et préférences des enfants
En formation, on fait la même chose. Le formateur alterne les méthodes pédagogiques, les techniques d’animation auprès de ses groupes (étude de cas, quiz..) ainsi que les tailles de groupe.
4 – Les mots simples
Pour me faire comprendre des enfants, je dois faire preuve de pédagogie donc employer des mots simples et/ou expliquer le peu de mots complexes que j’utilise. En formation d’adultes nos apprenants ne connaissent pas toujours notre champ lexical. Il est donc primordial selon moi de démystifier absolument tout ce qu’on dit.
Je te partage cette analogie que j’aime beaucoup : « faciliter la compréhension de l’apprenant de telle sorte qu’il ait l’impression d’avoir un bac + 18 à la fin de ta formation ».
Démystifier son savoir c’est l’assurance de favoriser la compréhension de tous, la confiance en soi et la montée en compétence sur le terrain.
5 – La consigne
Si je te dis, en 20 secondes, que tu vas réaliser « la mission A », puis « la mission B » et que quand tu auras fini « la mission B » il faudra penser à réaliser « la mission C, D et E ». Es-tu sûr de tout comprendre et de tout retenir ? La réponse est non pour beaucoup d’entre nous. Qu’on soit un adulte ou un enfant on est « logé à la même enseigne ».
Ce que je fais dans tous les cas de figure est :
- Te proposer de faire « la mission A »
- Reformuler ma demande
- Répondre à tes questions concernant « la mission A »
- Te laisser faire « A »
- Te donner un feedback sur « A »
- Te proposer de faire « la mission B »
- …
Découper ses consignes, étape par étape, est très important si on veut que l’apprenant réalise ses missions (correctement).
6 – Les jeux de société
Pendant les vacances de noël, j’ai redécouvert le jeu « la bonne paye ».
Ce jeu est une transposition de la vraie vie : on reçoit du courrier (pub, facture…), on reçoit de l’argent pour son anniversaire, on va faire du shopping, on peut faire un prêt, on peut jouer au loto, on peut acheter des biens et les revendre plus chers, on a des achats de dernière minute, on a des jours de repos, tous les mois notre salaire arrive sur notre compte en banque…
Je me suis rappelée que ce jeu prépare « à la vie d’adulte » pour les enfants.
Comme le fait de créer des jeux, détourner des jeux de société ou des jeux télés en formation : le jeu permet des prises de conscience et favorise la montée en compétences des adultes.
7 – L’adaptabilité
Un de mes mantras est « “faire plus de choses qui ne fonctionnent pas ne produit qu’une chose : plus de dysfonctionnements ». Autrement dit : Si une méthode ne fonctionne pas, change-la.
Un de mes neveux devait apprendre par cœur une poésie. Il avait du mal à la retenir. Je me suis dit « quelle stratégie qu’il n’a jamais testé est ce que je pourrai lui proposer ? »
On a repris sa poésie et je lui ai demandé de dessiner, selon son imagination, chaque ligne. Il a révisé en regardant ses dessins et a obtenu un « TB » de la maîtresse la jour de sa récitation (#fiertédetata).
En formation l’adaptabilité est la clef. Les apprenants ne comprennent et ne retiennent pas tous l’information de la même manière. C’est pourquoi il est utile de diversifier nos stratégies d’apprentissage (théorie, exercices adaptés, exemples concrets, visuels, analogies…).
8 – La responsabilisation
En formation, c’est un des fondamentaux qu’il faut rappeler.
Théorie : « Si tu fais l’action A, il se passera la conséquence B. Tu es libre de décider et tu assumeras la responsabilité de ton choix »
Exemple : « Si tu quittes la formation ce matin parce que tu t’ennuies, tu seras noté absent sur l’émargement cet après-midi. Cet après-midi on évoque le thème A ; thème qui est important pour ton dossier écrit. Si tu ne restes pas, je ne te le réexpliquerai pas. Tu es libre de décider et tu assumeras la responsabilité de ton choix»
Selon moi, il est important de laisser le choix libre à l’apprenant tout en lui expliquant les conséquences de ce dernier.
Parfois, c’est le formateur qui impose au groupe quelque chose. Dans ces cas-là, il est nécessaire d’expliquer « pourquoi » tout le groupe « doit faire A ».
Pour les enfants, lorsqu’ils ne sont pas eux même ravies de faire les ateliers, les mêmes stratégies sont applicables.
9 – La dynamique de groupe
En formation, je demande parfois à des sous-groupes de choisir un thème (un thème différent par groupe). Certains apprenants choisissent plus vite que d’autres et se précipitent donc vers moi pour me donner leur proposition (pensant dans leur tête : « trop bien on est les premiers à choisir donc on va avoir ce thème ! »).
Sauf que dans ma pratique, « Premier arrivé n’est pas premier servi » ! Selon moi, cette pratique favorise une ambiance de jalousie, de compétition et de stress. Et ce n’est clairement pas ce que je veux faire vivre dans ma salle de formation.
Quand des équipes doivent faire un choix qui a des conséquences pour les autres équipes, j’attends que tout le monde puisse me donner sa réponse pour répartir les thèmes. Et si deux équipes veulent le même thème ? Elles parlementent et argumentent jusqu’à faire un choix qui convient aux deux équipes.
Pour les plus jeunes le principe est le même.
10 – La régulation individuelle et collective
En formation comme en centre de loisirs, certains sortent du cadre. Il faut savoir les y réintégrer avec calme, patience, arguments/logique et empathie.
11 – La motivation / l’implication
Avec mes neveux, pendant les vacances, nous avons révisé l’alphabet, les additions, les soustractions, l’orthographe & les couleurs.
J’aurais pu choisir de le faire uniquement :
- En version magistral : ils m’écoutent
- Lors des temps « école » : ils font des exercices assis sur leurs chaises
J’ai plutôt choisi d’intégrer l’apprentissage de compétences lors de jeux ce qui réduit considérablement la résistance.
Réactions de mes neveux :
- Quand je leur disais qu’on allait faire l’école : « oh nonnnn »
- Quand je leur disais qu’on allait jouer « tata je peux t’aider à préparer le jeu ? »
En formation d’adulte, l’implication et la motivation des apprenants est plus présente lorsqu’on leur propose un atelier ou un jeu. De plus, ça améliore la mémorisation et la compréhension du savoir.
12 – Le mouvement
Mes neveux ne tiennent pas en place. C’est impossible pour eux de rester assis pendant de longs moments. Mes apprenants c’est pareil. Du coup, en formation comme en famille, j’opte généralement pour quelques activités en mouvement.
13 - La congruence
Il n’y a pas de différence entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais.
Pour conserver son autorité et sa crédibilité c’est important. Et ça concerne absolument toutes les tranche d’âges.
Ps : j’ai parlé de mon passé d’animatrice mais si j’avais été maîtresse, j’aurais employé toutes les stratégies décrites ici.
➡️ Tableau récapitulatif
✅ Évoluer dans tes pratiques
Pour continuer à faire monter en compétences les apprenants dans le plaisir, tu peux :
Allez regarder une technique simple pour mémoriser les prénoms : La grille des prénoms
Récupérer l’affiche pour favoriser la motivation des apprenants
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Merci pour ce ressourcement, je partage totalement les analogies que vous nous proposez. Quant on s'adresse à des apprenants adultes on construit bien un scénario pédagogique avec des objectifs pédagogiques, une dimension pédagogique qui nous engage vers plus de diversité, d' adaptabilité et créativité dans nos méthodes.
Bonjour, merci pour cet article qui me permet de voir que je ne suis pas le seul à prôner que la seule différence entre la pédagogie et l’andragogie c’est la taille des apprenants en face du formateur et encore cela est tout relatif si on y rajoute les neurosciences en fonction des personnes neuro typique ou neuro atypique que l’on peut rencontrer.